III. Drogue et cerveau

AAddictivité


Toute forme d’addiction qu’elle soit liée à la drogue, l’alcool ou au tabac a des répercussions sur le cerveau et sur le comportement de l’individu. Une consommation abusive peut pousser l’individu à se trouver dans un sentiment de manque. Certaines substances comme le cannabis ou les hallucinogènes (LSD, mescaline) ne provoquent pas ce sentiment de manque mais les personnes qui en consomment le font pour se sentir dans un été de bien-être extrême.
Quant aux autres substances, une envie de fumer, boire ou se droguer se manifeste lorsque le corps est en manque. Et si l’individu ne le fait pas, il peut ressentir des symptômes de manque : les drogues (cocaïne, amphétamines, opiacés à action rapide) peuvent engendrer une dépression mais également un sommeil prolongé, un grand appétit, des crampes, frissons, diarrhées...
Si un adepte de la cigarette ne fume pas pendant plusieurs jours, des symptômes de manque tel que l’irritabilité, la nervosité ou des troubles de la concentration peuvent se manifester. Des symptômes plus graves par exemple pour l’alcool comme un delirium tremens (ensemble de symptômes dû au sevrage d’alcool) ou des convulsions peuvent mener à un coma éthylique. Evidemment, toutes ces addictions peuvent mener à la mort.
La plupart des psychoactifs sont susceptibles de provoquer un bad trip. Le bad trip correspond à une intoxication lors de la prise de drogues. Il peut survenir au moment où les effets se manifestent, ou plusieurs heures après. Les symptômes d’un bad trip sont une crise d’angoisse ou de panique, des crises de phobie, de la paranoïa ou une psychose. Contrairement à certaines brèves expériences désagréables lorsque le consommateur est sous l’effet de psychotropes, le bad trip dure relativement longtemps. L’usager, dans la panique, peut avoir des hallucinations visuelles et auditives, et plus généralement un défaut de perception de la réalité, qui peuvent amener l’usager à devenir violent pour lui-même ou les autres. Le consommateur en bad trip peut avoir une désorganisation comportementale, des nausées et vomissements, des sueurs et tremblements, une bouche pâteuse, des palpitations, une pâleur ou une augmentation du rythme cardiaque. Les symptômes s’estompent souvent à mesure que les effets du produit s’arrêtent. Dans de rares cas l’expérience peut être si traumatisante pour l’usager qu’il aura des troubles durables nommés « syndrome post-hallucinatoire persistant », qui se manifestent par de l’angoisse, des phobies, de la confusion et des délires ou encore une dépression. Les causes de bad trip sont encore mal connues, mais on sait qu’il est influencé par de nombreux facteurs comme le contexte, la qualité et la quantité de produit, ou l’état psychologique de l’usager.

B. Les dégâts causés par l’addiction


           L’addiction aux substances psychoactives peut causer de nombreux dégâts au cerveau des toxicomanes. Par exemple, une seule consommation de LSD a des effets secondaires permanents : toute sa vie la personne qui en a consommé pourra avoir des hallucinations visuelles jusqu’à la fin de ses jours. De plus, l’addiction aux drogues modifie durablement le comportement, pouvant induire de l’agressivité lorsque la personne dépendante n’est pas sous l’emprise de psychoactifs, un désintéressement à tout ce qui n’est pas en lien avec la drogue, une attente permanente du moment où l’on consomme des stupéfiants. De nombreux autres effets secondaires ont été prouvés : diminution de la mémoire, de la concentration et de la vigilance, crises de paranoïa et de panique… De plus, une consommation de stupéfiants peut engendrer ou favoriser une dépression.

A gauche, cerveau d’un homme normal de 43 ans. A droite, cerveau d’un alcoolique chronique de 43 ans.


L’alcool, quant à lui, a de nombreux effets néfastes sur le cerveau. Par exemple, il détruit les neurones en modifiant leur membrane, et la dépendance à l’alcool est la plus sévère, tant l’alcoolique en sevrage ressent le besoin de consommer, et tant le système de récompense garde un souvenir de l’alcool. C’est pourquoi un ancien alcoolique ne doit plus jamais retoucher à l’alcool, sous peine de replonger immédiatement dans la dépendance. De plus, une femme enceinte, si elle consomme de l’alcool ou quelque psychotrope que ce soit, risque de perturber le développement normal de l’embryon et d’aboutir à un bébé mort-né car non viable.


Les adolescents sont les plus touchés, en effet leur cerveau est encore en plein développement, tous les effets secondaires sont aggravés. De plus, des adolescents qui consomment du cannabis peuvent par exemple voir leurs résultats scolaires baisser, et ils deviennent moins à l’aise en société. Une étude américaine a en outre montré que des adolescents qui consommaient régulièrement du cannabis jusqu‘à l’âge adulte, pendant le développement de leur cerveau, voyaient leur QI baisser de 8 points en moyenne, en effet, le cerveau des jeunes est en plein développement, et la consommation de substances psychoactives peut l’empêcher ou le ralentir, ce qui occasionne une perte de QI. De plus, les adolescents tiennent moins bien l’alcool et deviennent plus facilement dépendants, leurs effets néfastes sont donc accrus. Chaque effet néfaste des psychoactifs sur le cerveau est accru chez les adolescents, par exemple, un adolescent qui fume deviendra plus vite dépendant.